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30 janvier 2014

Les capacités du marchombre.

J'ai envie de réagir à ce que tu dis, Mayt, ça m'a interpellé.

Admettons un moment que l'on examine les caractéristiques de ces personnages de fiction que sont les marchombres, si on ne peut pas les réduire à une vision aussi étriquée et épurée que le sont Ellana, Jilano ou Sayanel, on ne peut pas nier qu'être marchombre, dans le monde de Pierre, suppose des caractéristiques et des conditions bien particulières.

C'est une idée, certes, mais une idée qui dans sa composition en nécessite d'autres.
Alors au contraire de toi, si, je pense pouvoir dire que tous les marchombres escaladent des tours.
Parce que si on s'attarde un peu sur la manière dont Pierre les présente, les développe, les fabrique, on s'aperçoit qu'ils sont un certain rapport à la liberté, un certain rapport à soi, un certain rapport au monde.

Ils ne sont pas tout et n'importe quoi.

Ce "certain rapport" exige pour être présent, des conditions, comme un rapport physique et extrêmement exigeant à son propre corps. Une indépendance totale, financière, morale, éthique, sociale.

On ne naît pas marchombre (même la grande Ellana doit apprendre, elle naît avec un incroyable potentiel, elle naît pour devenir marchombre, mais elle ne naît pas marchombre), on le devient à travers certaines conditions, entre autre un entraînement incroyablement intense et sans pitié qui développe un rapport à son propre corps et à soi, à ses propres limites qui serait inconnu sans cela, de même qu'en parallèle une compréhension et une philosophie de la liberté qui ne peut s'épanouir et se vivre que dans ce rapport là au corps.

Ne vous y trompez pas, les marchombres sont un corps de l'élite, et seuls les plus persévérants, les plus résistants, les plus sensibles à la formation de marchombre parmi les rares élus choisi pour la suivre le deviennent. Ce n'est pas pour rien que Pierre les a décidé si peu nombreux : Bien peu peuvent et se révéleront être à la hauteur, être accordé à ce qu'exige la voie du marchombre.

Ce n'est pas parce qu'on se sent un peu marchombre sur les bords qu'on l'est, dans le monde de Pierre en tout cas. La philosophie marchombre, même en Gwendalavir, ne doit certainement pas plaire qu'aux seuls marchombres. Elle ferait rêver n'importe qui qui n'est pas déjà bien ancré dans son propre chemin, et pourtant ça n'en fait pas des marchombres.

Même lorsque qu'Ellana comprend, lors de l'épreuve finale que Jilano lui fait passer, qu'elle est marchombre, libre ou enchaînée, jeune ou vieille, elle le comprend parce qu'elle sait qu'elle l'est devenue. Et que maintenant qu'elle l'est devenue, rien ne pourra jamais l'ôter de cette voie là. Mais elle n'a jamais été marchombre comme ça en se reconnaissant dans les idéaux qui lui étaient présentés. Elle l'est devenue au terme d'exigeantes et éprouvantes conditions, d'un apprentissage terriblement ardu, parce que c'était le seul prix à payer pour le devenir. Elle l'est devenue en parcourant ce chemin, elle l'était parce qu'elle était sur CE chemin.

Alors non un marchombre ne peut cesser d'être souple et agile, d'escalader des tours, parce que c'est ce qu'est le marchombre. Non pas l'escalade, non pas le combat, ni la souplesse, mais CE rapport au monde, LE rapport au monde que tout ceci produit. Et il ne s'acquiert que de cette manière là, parce qu'il est vécu, et la seule manière de le vivre, c'est de passer par là.

Donc bien sûr que si il ne suffit pas, du moins dans le monde de Pierre, de se réclamer marchombre pour l'être. Et dans le monde réel, si c'est vraiment la question, non plus. Parce que justement, marchombre n'est pas n'importe quoi. Marchombre est une idée avec un sens, un sens qui disparaît si tu lui enlève ses piliers.

Se dire et se sentir marchombre n'a aucun sens, si ce n'est que tu vois des affinités entre la philosophie crée par Pierre pour ses personnages et ce que tu voudrais bien être.

Mais être marchombre, c'est totalement différent. Ca veut dire être quelque chose de bien particulier, quelque chose avec un sens propre totalement différent que celui que tu voudrais bien lui donner.

La liberté du marchombre ce n'est absolument pas faire n'importe quoi, être n'importe qui.

Car si le marchombre fait ce qu'il veut, ce qu'il veut découle de sa condition de marchombre. Être marchombre, ça veut dire vouloir certaines choses et ne pas en vouloir d'autre. Ca veut dire faire certaines choses et s'abstenir d'en faire d'autres. La liberté ce n'est pas du tout, du tout pourvoir faire n'importe quoi, c'est d'être en harmonie parfaite avec sa nature profonde, avec ce que l'on est, et de se donner tous les moyens de le faire. Donc être marchombre, c'est bien être libre, oui, mais cette liberté exige de quoi se déployer, exige d'être quelque chose de très spécial.

Marchombre n'est pas un titre en effet, c'est une essence, une nature. Et s'il est dans la nature de l'homme d'avoir deux bras et deux jambes, il est dans la nature du marchombre de posséder une souplesse et une harmonie corporelle extraordinaire, il est dans sa nature d'être extrêmement solitaire et totalement indépendant, pour donner les archétypes. Même les plus vieux des marchombres qui sont donc diminués physiquement par l'âge, restent des personnes hors du commun sur ces critères.

Si ces attributs ne sont pas ceux de notre nature, alors c'est simple : C'est que nous n'en sommes pas. Cela ne veut pas dire que nous ne puissions pas le devenir, bien sûr. Mais tant que ces attributs seront manquant, se dire marchombre a autant de sens que de se dire forgeron et ne pas pouvoir brandir un marteau. Ou, pour prendre un exemple encore plus parlant, prétendre être un dragon alors que l'on n'est qu'une chèvre.

Donc entre désirer être marchombre, se dire ou se sentir marchombre, et l'être véritablement, dans ce monde comme en Gwendalavir, c'est un univers de différence. Et peu ont eu, auront, ont, la capacité ET la volonté nécessaire à le franchir. Peu en Gwendalavir et encore moins ici peuvent dire simplement "je suis un marchombre" sans que cette affirmation ne résonne autrement que comme une revendication creuse, vide de substance et de sens.

L'habit ne fait pas le moine, pas plus que le nom marchombre ne fait l'être marchombre.
- Revan, sur le forum La Voie des Marchombres. Merci à lui.

23 janvier 2014

Dansons.

Life is not that complex.
Why would we make it so ?

C'est une Danse.

Chacun valse au rythme de la musique, rit, tournoie, échange.
Chaque partenaire est une joie. Un sourire.

Mais la musique ne s'arrête jamais. Brisant sans cesse les liens qu'elle crée.
Nous somme des gouttes d'eau en ébullition. Il est aussi facile de dire au-revoir que bonjour.

Quelles sont ses exigences ? La musique de la vie nous est offerte, belle et simple. Nous sommes libres. C'est nous qui avons créé les pas, c'est nous qui avons créé les danses.

La souffrance naît quand deux danses sont incompatibles.
We make mistakes as we set the rules.
Forget them and you'll never be wrong. Be true. Be spontaneous. Love.

C'est une danse. Alors dansons.

09 janvier 2014

Papa Maman #1

"Quand on a parlé du fait qu'ils sont encore plus paranos que moi, ce n'était ni une plaisanterie ni une hyperbole.

- Je suis convaincu de l'inverse. Tu es plus parano qu'eux, pas par rapport à la vie en général, mais par rapport à eux, justement. Tu crois que quand je veux parler de quelque chose à ma mère, je me tâte pendant une semaine pour savoir si c'est bien, puis j'hésite une autre semaine avant de lui en toucher un mot, et quand je me décide enfin on en parle 5 minutes et c'est fini ? J'ai un ami qui a passé des semaines à échanger des mails avec son père, pour statuer sur les choix qu'il avait fait dans sa vie. Ils ne sont jamais tombés « d'accord », mais ils sont arrivés au point ou son père a dit "ok, je comprend et j'accepte, même si je ne pense pas comme toi". Par ce que tout parent sait qu'on a besoin de faire des erreurs pour avancer, et il l'a laissé essayé cette voie qu'il n’approuvait pas. C'est ça l'accord parental, c'est un lutte, un guerre des idées et des idéaux. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents qui prennent conscience « tout seuls » de l'évolution de leurs enfants, c'est un dialogue, une relation sur le long terme, qui permet cette évolution. Pas un : « Au fait maman je peux sortir ce soir ? - Non t'es privée de sortie – Ok tant pis ». Ça c'est ce que le monde a fait des relations parents-enfant, mais c'est TELLEMENT faux.

Pour citer un autre cas, une journée entière à parler devant la cheminée de ce que j'allais faire de mes vacances. Et pas « Est-ce que je peux inviter des copains à la maison ? - Oui/non/demande à ton père ». Une vraie discussion de fond sur les raisons qui me poussaient à vouloir partir de cette manière, sur ces rencontres sur le forum, etc. Une conversation argumentée, bilatérale. Tes parents ne te connaissent pas. Ils ne savent pas qui tu es, qui tu veux être. Juste ce que tu veux faire là maintenant quand tu leur demandes. Ils ne saisissent pas la cohérence entre leur vision de toi erronée par des années de silence, et ce que tu demandes. T'es soudainement plus leur petite fille adorée, mais une vraie personne.

Mais c'est pas la forme qui définit les rapports entre les gens, c'est le fond : J'en ai rien à foutre de savoir si ce soir tu te couches à 22 ou 23h. Quand je te parle là je m'interroge sur ce que tu penses de la vie, des autres, tes valeurs, tes buts, ta philosophie. Des choses que je connais pas sur toi, mais qui me permettent de t'apprendre. Pourquoi moi, illustre inconnu, je ferais ça ? Et pourquoi tes parents, eux, se préoccuperaient de l'heure à laquelle tu te couches, et pas de ça ? Ça te semble pas bizarre ?

T'es grande maintenant, tu commence à savoir comment la vie fonctionne, c'est plus à eux de décider de ta vie, quelle-qu’en soit l'échelle. Et si tu dis à tes parents : « Mon but dans la vie c'est X, et mes moyens pour y arriver c'est Y », ils vont pas répondre « Oh mon dieu mais tu vas te coucher une heure plus tard que ce qu'on avait décidé, ça va pas du tout ! ». C'est du fond que vous allez discuter. J'ai les mêmes discussions avec mes parents qu'avec des amis, des vrais. Le genre de discussion où on discute d'égal à égal, et qu'on se remet en question ensemble. T'en es loin je suppose :P

- Ils ne sont pas dans ce genre de considérations métaphysiques, dirons-nous.

- Ils n'y sont pas ? qu'est-ce que t'en sais ?

- Vagues expériences de lancement de discussions sur ce genre de piste.

- Vagues expériences de lancements. Essaye "franche discussion directe", tu verras, c'est plus efficace en général.

- Vagues expériences signifie expériences peu concluantes.

- J'ai vu ta mère, et c'est pas le genre de personne à être fermée à ce genre de sujets. Je dis pas qu'elle aura de la facilité à les aborder, mais c'est pas non plus le genre de personne à répondre « par ce que c'est comme ça » à toutes les vraies questions de la vie. Montre-lui juste que t'es en age de penser à ce niveau là.

- Ce qui est joyeux, c'est que tout le monde me dit ça au sujet de mes parents. Et à chaque fois j'ai beau expliquer qu'ils sont aux antipodes de leur personnalité hors du cercle familial et dans le cercle familial. J'ai toujours cru que c'était quelque chose de commun à toutes les familles.

- C'est comme ça dans toutes les familles. Mais penses-tu que si ta mère est capable d'en discuter avec des « extérieurs », elle n'est pas capable d'en discuter avec toi ? Rappelle-lui que tu es un humain à part entière. Sa fille, pas juste son enfant. Le rôle de parent évolue avec l'enfant."