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14 avril 2012

Petite impro à la lumière de mon amie la Lune.

Tout ceci n'a aucun sens, n'est ce pas ?

Je veux dire... ma vie ? La sienne ? Toutes les autres ? Ça ne sert à rien, pas vrai ?

T'as raison, gamin. Enfin, gamin. Je pense que je devrais arrêter de t’appeler comme ça, tu m'as prouvé bien assez de fois que tu valais bien plus que certains "adultes"... Oui, t'as raison. Tout ça ne mène à rien. S'il y avais un but... une fin à tout ça... Il n'y en a pas, c'est tout. Je l'ai cherché. Trop cherché. Et la réponse était là, sous mes yeux. J'ai été bête, très bête. La réponse, c'est qu'on a rien à faire ici, a part s’amuser, vivre, exister comme bon nous semble, et il n'y a rien qui peut nous dicter notre vie. Pas de but, pas de destiné, pas de règles... Tout ce qui compte c'est simplement que tu sois là, le reste est un immense mensonge que l'homme a inventé pour se faire croire à lui même qu'il a une raison d'être ici. Mais c'est aussi faux que si je te disais que tu n'étais pas insupportable. Pourquoi tu n'est pas juste un gamin comme les autres, qui croit au père noël, qui va à l'école, qui croit aux mensonges de hommes, et surtout, qui ne pose pas autant de questions ?

Alors j'ai raison ? Mais pourquoi dans ce cas ? Pourquoi ?

... Tu es insupportable.
...
Bon, d'accord, excuse moi. Après tout, tu a envie de comprendre, ça parait normal. Et si je te dis que j'en sais rien, hein ? Qu'est-ce qui te dis que je le sais ?

Je te crois pas.

Et merde. Je sais très bien que tu me crois pas... Mais je sais pas comment te l'expliquer. Je sais pas. Tu a fini par y arriver, c'est ça que tu voulais ? ... Je ne peux plus te répondre, je... Je perds mes mots, je ne peux pas.
Et ça m’énerve...
Bravo. Ça faisait des décennies que ça ne m'étais pas arrivé. Je pensait avoir dépassé ça... après tout ce temps, être au dessus de chaque homme sur cette terre, avoir fini par comprendre, chaque chose, arrivé à un point ou... ou je... Rah, ça y est, je recommence à perdre mes mots. Je te déteste.

Non, tu mens. Pourquoi tu mens ?

ARRÊTE ! Arrête, s'il te plaît ! Tu... Je... Je sais parfaitement ce que tu vas dire, c'est moi qui te l'ai appris, mais... A force d'avancer, j'ai fini par perdre la direction dans la quelle je voulais aller... Je connais par coeur ces mots, ces valeurs, tout ce qui fait que j'en suis arrivé là, mais j'ai... J'ai fini par atteindre la limite. Je croyais avoir trouvé des valeurs immuables, des valeurs qui me pousseraient toujours, toujours vers le haut, sans jamais faillir, toujours en avant. Douter de tout ce que je croyais savoir afin de le prouver par moi même, ne rien supposer, tout vérifier, baser chaque pierre de ma vie sur du concret, ne rien laisser au hasard... Ne rien non plus considérer comme acquis. Toujours être prêt à faire une croix sur celui que j'étais pour devenir meilleur. Toujours prendre ce qu'il y a de mieux, et l'utiliser pour remplacer ce qui était imparfait.
Et j'ai fait une erreur, grossière.
Einstein disait "Tout est relatif, même la relativité". J'ai oublié la deuxième partie de l'adage. Le doute est une force. Et j'ai oublié de douter de cette force. Maintenant, je sais que je me suis trompé de voie. Ne fais pas cette erreur, gamin.
Je dois... Je vais changer ça. Je vais le faire.

Tu es sur ?

Non. Des mots. Comme toujours, des mots. J'ai toujours su ce que je devais faire, mais je suis souvent passé à coté. La flemme, sans doute. Finalement, j'ai peut-être fini par "prendre la grosse tête" ? Non. Pas moi. C'est pas vraiment ça. Quand je m'écoute, je sais ce qu'il en est. J'ai juste... Perdu la motivation ? Je sais que rien n'est dû, tout ce que j'ai fait je l'ai fait pour moi, et uniquement pour moi.
Mais qu'est-ce qui me dit que j'ai envie de continuer ?
Je ne sais plus si j'ai envie. Pourquoi j'aurais envie ?

Tu continues à douter, finalement. C'était ce que tu voulais, non ?

Evidemment. Mais je ne pensais pas avoir à douter de ça un jour. Tu me pousse au bout, tu sais ? Aujourd'hui, c'est toi ma motivation, toi et ma volonté de ne pas être faible devant toi. Seul, je n'avance plus.
J'ai déjà entendu ça.
Happiness only real when shared
...

Moi aussi. Je me rappelle.

...
Je n'ai plus rien à dire.

Je sais. Mais parle quand même, j'aime ta voix

Je t'ai déjà dit beaucoup. Rappelle toi seulement que la pire chose qui puisse t'arriver, c'est un avenir, tracé droit, sans aventure, sans... sans vie. Ce qui fait la vie, c'est le changement, la nouveauté. Assure toi chaque instant que devant toi, il n'y a pas un avenir conditionné par le mensonge des hommes. Assure toi d'avoir toujours devant toi un avenir changeant sans cesse. Et assure toi d'avoir toujours quelqu'un comme toi à tes cotés. C'est en t'apprenant ce que j'avais appris que j'en ai appris le plus. J'ai appris que j'avais oublié que ce qui m'a poussé à m'élever parmi la masse des hommes et à devenir ce que je suis, c'est justement cette masse. Oublié que chaque jour qui passe, ce qui me fait avancer c'est d'avoir quelqu'un à mes cotés, avec qui je pouvais partager tout ce que je savais. Je ne peux pas avancer seul, toi non plus - personne !
Je... Tu m'embrouilles. Je ne sais plus ou j'en suis à cause de toi. Il faut que je réfléchisse. La lune est là. Je veux lui parler. Va dormir, maintenant, il est tard.

S'il te plait !

Non. Non, pas ce soir. Tu as réussi à atteindre mes limites, et j'ai besoin de temps pour définir cette nouvelle frontière. Et la franchir.
Allez, va dormir. De toute façon, je ne parle plus. Pas à toi. A la lune.
Dors.

Dors.
Et merci. Merci de m'avoir remis sur la Voie.
Dors, bonhomme.