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18 décembre 2013

Y.


Le monde change. Et avec le monde, ses habitants.

Je dis peut-être ça par ce que je suis jeune et con et que je ne connais rien à la vie, mais je crois qu'elle devient plus difficile. Pas plus dure (au contraire), plus difficile.

Si on en croit wikidédia, "Cette génération est parfois surnommée Génération Peter Pan, qui, en l'absence de rites de passage à l'âge adulte, ne construisent pas d'identité ou de culture d'adulte spécifique. [...] Un questionnement plus poussé au sujet de ce que signifie “être adulte” a également eu un impact sur cette transition plus tardive vers l'âge adulte. [...] Dans les générations précédentes, on commençait la vie en se mariant et démarrant une carrière de façon immédiate. Les jeunes d'aujourd'hui ont vu que cette approche a mené au divorce et au fait que de nombreuses personnes ne soient pas satisfaites de leur carrière… La majorité d'entre eux veut se marier […] mais veut le faire bien du premier coup. On peut en dire autant de la carrière professionnelle."

Nous apprenons. Nous apprenons des erreurs de nos parents, nous apprenons le monde et la société qu'ils nous laissent, mais surtout, nous apprenons la liberté. Si nous nous permettons de jeter un regard sur le passé, et questionner son héritage, c'est bien une conséquence de cette horizontalisation du monde. Nous n'écoutons plus ce qu'on nous dit de faire. Il ne suffit plus d'une reportage télé pour décréter que ceci est utile et bon et que cela ne l'est pas. Génération Y, génération Why. Être libre est quelque chose de difficile en soi. Être libre, c'est être capable d'assumer, de décider, de se responsabiliser. Être libre c'est décider de ses propres valeurs, plus simplement se reposer sur celles de la TV - ou de toute autre entité verticale, comme Dieu.

Et avant la télé, c'était autre chose ! La radio, la presse, l'église, le gouvernement, etc. Ce n'est pas seulement la TV qui a disparu. Nietzsche a bien raison : Dieu est mort. Chacun d'entre nous doit décider de ses valeurs, trier ce qu'on pense juste et ce qu'on ne veut pas, son "bien" et son "mal", personne ne le feras plus pour nous. Et il n'est plus possible de faire l'autruche.

Tout le monde n'est pas prêt à ça. Je dirais même que majoritairement, personne ne l'est. C'est pour cette raisons que, toujours, la verticalité tente de revenir. Il suffit de voir ce qu'est devenu le capitaliste. Chacun est libre, chacun fait ce qu'il veut. Et maintenant, les lobbys, les leaders, les monopoles... Et il en va de même pour internet, qui tend encore et encore à se centraliser autour de petits noyaux qui ont su sauter sur les opportunités.

Quand on observe l'histoire, cela semble se reproduire infiniment. La liberté apparaît, et il y a toujours quelqu'un pour vouloir la retirer à la masse, et surtout, la masse est toujours prête à se la laisser enlever de son plein gré.

Le monde. Libre et sauvage.
Les routes, les états, les frontières.

La mer. Immense et libre.
Les eaux territoriales, les lois internationales, les routes de commerce.

Le marché financier. Un monde d'opportunités.
Le lobbyisme financier, les multinationales, les monopoles.

Le mécanisme est même plus impressionnant parfois : Un système vertical s'horizontalise, pour le bonheur de tous ? Mais non, il se reverticalise dans la foulée.

La radio.
La BBC a l'exclusivité des ondes radio au Royaume-Uni ? Nous ne sommes pas d'accord ! L'exclusivité tombe, tout le monde est content. Aujourd'hui plus aucune radio indépendante, ou presque, et retour à un système vertical. Plus par la force, mais de fait.

Les exemples sont légions, mais n'en abusons pas.

Je me demande si l'humanité va un jour réussir à mûrir suffisamment pour accepter l'état d'horizontalité sans en avoir peur. J'ai déjà parlé de cette problématique en citant cet extrait de La peur de la Liberté. Je crois que nous sommes, plus que jamais, à un point où toute notre société est confronté à ce problème. Pas juste une élite intellectuelle, financière ou légale, mais tout le monde, réellement. Certes tout le monde n'a pas accès avec la même facilité pour des tas des raisons à Internet, aux télécom, etc., mais notre société y est aujourd'hui confronté dans sa plus claire majorité.

Je crois que la principale difficulté de notre génération, ce n'est pas tant de vivre cette liberté, ou de l'accepter. C'est aussi de s'en rendre compte et d'y accéder. Le fait d'être la "première" génération à vivre entièrement avec ça a pour principale conséquence qu'aucun parent ne sait réellement être là et comprendre ce que l'on vit aujourd'hui. Combien de fois ai-je entendu mes amis se plaindre de leurs parents qui ne les comprenaient pas ? Par ce qu'ils ne comprenaient pas cette soif de liberté, cette soif de vivre pleinement cette horizontalité et tenter sa chance sans suivre les règles qu'eux, enfants, ont appris de leur verticalité ? Beaucoup trop, c'est certain. Je pleure pour chaque homme qui fait ce qu'on lui a dit par ce que la vie ne lui a pas laissé savoir qu'il n'était pas obligé de ne pas faire autrement.

Et d'un autre coté j'en observe de mon age qui aujourd'hui ont renoncé, renoncé à cette opportunité, pour la même raison que toujours dans l'histoire. Le confort, la peur. L'autruche. Certes, obtenir confort et sécurité est un plus indéniable, mais quand l'homme en arrive à se protéger de l'homme lui-même, nous ne nous rendons pas compte que nous assassinons précisément notre propre liberté. Pourquoi choir d'être libre quand on peut suivre la masse ? C'est ainsi que la verticalité fait son retour, doucement mais surement.

(qu'on ne se méprenne pas, je dis pas qu'il est mal de faire quelque chose comme tout le monde. Je dis juste qu'il est à mes yeux mauvais de le faire juste par facilité, par ce que tout le monde le fait. J'ai un blog et facebook, "comme tout le monde", mais c'est bien par choix, pas par conformisme... Ne pas être conformiste ne veut pas dire fuir ce que les autres font, ça veut juste dire qu'on ne pas en tenir compte ^^)

Le cap dont parle Erich Fromm est sans aucun doute extrêmement difficile à franchir, mais nous n'en avons jamais été aussi proches. J'espère sincèrement que ceux qui l'ont compris réussissent à le transmettre aux autres, et surtout à la génération suivante, avant qu'il soient trop tard et qu'ils deviennent, à leur tour, des marginaux à ignorer. Sans quoi il faudra trouver un nouveau moyen de faire pencher la balance...

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